Conseil constitutionnel, Décision n° 2025-879 DC du 29 avril 2025

Le Conseil constitutionnel a rendu, le 29 avril 2025, une décision relative à une loi portant diverses dispositions d’adaptation au droit de l’Union européenne. La saisine portait sur la régularité de l’article 23 de ce texte, modifiant le code de l’environnement pour simplifier certains projets d’aménagement. Plus de soixante députés contestaient l’introduction de cette disposition par voie d’amendement, invoquant une méconnaissance des règles de la procédure parlementaire. Les requérants soutenaient que cet ajout constituait un cavalier législatif dépourvu de lien suffisant avec le projet de loi déposé initialement. La question posée aux juges consistait à déterminer si l’amendement respectait les exigences de l’article 45 de la Constitution française. Le Conseil constitutionnel a écarté ce grief en considérant que la mesure présentait un lien direct avec les dispositions du texte d’origine. L’examen de cette décision permet d’analyser le contrôle de la recevabilité des amendements avant d’apprécier la portée de cette validation procédurale.

**I. L’identification rigoureuse d’un lien avec le texte initial**

**A. L’exigence constitutionnelle de connexité matérielle**

L’article 45 de la Constitution dispose que « tout amendement est recevable en première lecture dès lors qu’il présente un lien, même indirect, avec le texte ». Cette règle fondamentale vise à prévenir l’adoption de cavaliers législatifs, garantissant ainsi la clarté et la sincérité des débats au sein des assemblées. Le Conseil constitutionnel rappelle qu’il lui appartient de déclarer contraires à la Constitution les dispositions introduites en méconnaissance de cette règle impérative de procédure. Cette vérification systématique protège l’équilibre des pouvoirs en encadrant strictement le droit d’amendement reconnu aux membres du Parlement et au Gouvernement. Les juges constitutionnels s’assurent ainsi que le périmètre de la loi ne soit pas dénaturé par des ajouts totalement étrangers à l’objet initial.

**B. La reconnaissance d’une filiation directe entre les dispositions**

Le Conseil constitutionnel observe que les dispositions contestées résultent d’un amendement adopté en première lecture au Sénat lors de l’examen de la loi. Il précise que ces mesures « présentent un lien direct avec celles de l’article 25 du projet de loi initial » concernant les énergies renouvelables. Les juges soulignent que l’article 23 détermine les conditions dans lesquelles certains projets sont désormais « dispensés de solliciter la délivrance d’une dérogation » aux interdictions. Cette parenté thématique entre l’allègement des procédures environnementales et le contenu original du projet justifie l’écartement définitif du grief de procédure. La conformité de la méthode d’adoption étant établie, il convient désormais d’envisager les conséquences juridiques de cette validation sur le droit positif.

**II. La consécration d’une méthode de simplification législative**

**A. La validation de l’allègement des contraintes environnementales**

La décision confirme la possibilité d’adapter le régime de protection des espèces protégées sans heurter les principes de la procédure législative ordinaire. Les dispositions prévoient qu’aucune dérogation n’est requise lorsque le projet intègre des mesures d’évitement et un dispositif de suivi de l’efficacité de ces mesures. Le Conseil constitutionnel valide ainsi une approche pragmatique qui favorise la réalisation de grands projets tout en maintenant un cadre de surveillance écologique minimal. Cette solution illustre la volonté du législateur de concilier le développement économique avec les impératifs européens de simplification administrative en matière environnementale. L’efficacité procédurale l’emporte ici sur la rigidité des formalités antérieures, sous réserve du respect des critères techniques fixés par le texte.

**B. La neutralité du contrôle au regard du fond du droit**

Le Conseil constitutionnel rappelle que, dans ce cadre spécifique, il « ne préjuge pas de la conformité du contenu de ces dispositions » aux exigences constitutionnelles. Les juges limitent volontairement leur examen à la régularité externe de la loi sans se prononcer sur l’éventuelle méconnaissance d’autres principes fondamentaux. Cette réserve juridictionnelle préserve la possibilité d’un contrôle ultérieur, notamment par la voie d’une question prioritaire de constitutionnalité après l’entrée en vigueur. La décision du 29 avril 2025 sécurise donc immédiatement le texte sur le plan procédural tout en laissant ouverte la discussion juridique substantielle. Cette dualité d’examen garantit la célérité de la promulgation tout en protégeant les droits et libertés que la Constitution consacre.

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Hassan KOHEN
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