Conseil constitutionnel, Décision n° 2025-884 DC du 5 juin 2025

Le Conseil constitutionnel a rendu, le 5 juin 2025, une décision déclarant conforme la loi organique fixant le statut du procureur anti-criminalité organisée. L’autorité de saisine a déféré ce texte le 6 mai précédent, conformément aux dispositions du cinquième alinéa de l’article 46 de la Constitution française. L’acte législatif examiné adapte l’ordonnance de 1958 relative au statut de la magistrature afin d’intégrer des fonctions spécialisées au sein de l’architecture judiciaire. La question juridique soulevée concerne la validité des aménagements statutaires particuliers prévus pour ce nouveau parquet au regard de l’indépendance de l’autorité judiciaire. Le juge constitutionnel affirme que « les articles 1er et 2 sont conformes à la Constitution » et valide ainsi l’intégralité du dispositif soumis à son examen.

I. L’ajustement technique du statut des magistrats du parquet spécialisé

A. L’encadrement dérogatoire des modalités d’affectation

La loi organique prévoit que l’emploi de « premier vice-procureur de la République anti-criminalité organisée » échappe désormais au régime de la priorité d’affectation. Cette dérogation s’applique aux magistrats « placés après deux ans d’exercice dans leurs fonctions » afin de stabiliser les effectifs au sein de cette nouvelle structure. Le législateur a ainsi entendu préserver la continuité de l’action publique pour le traitement des dossiers complexes liés à la grande criminalité organisée. L’absence de priorité de mutation garantit une spécialisation durable des membres du parquet, évitant ainsi un renouvellement trop fréquent des magistrats chargés de ces enquêtes.

B. L’assimilation hiérarchique au statut de procureur placé hors hiérarchie

L’article 2 de la loi organique organise le positionnement administratif du procureur anti-criminalité organisée en le rattachant à une catégorie statutaire de haut niveau. Les dispositions relatives aux « fonctions de président de tribunal judiciaire ou de procureur de la République placé hors hiérarchie » sont déclarées applicables à ce magistrat. Cette équivalence assure une cohérence institutionnelle forte avec les fonctions exercées par le procureur près le tribunal judiciaire de Paris pour d’autres contentieux. La décision de conformité renforce l’autorité du nouveau procureur en lui conférant un statut protecteur et valorisant au sein de la hiérarchie judiciaire nationale.

II. La confirmation de la régularité d’une réforme judiciaire sectorielle

A. Le respect des exigences procédurales liées aux lois organiques

Le Conseil constitutionnel s’est assuré que la loi a été « adoptée dans le respect des règles de procédure prévues » par le texte constitutionnel. L’article 46 de la Constitution impose des délais et des conditions de vote spécifiques que le législateur a scrupuleusement respectés durant les débats parlementaires. Le juge n’a relevé aucune irrégularité lors de l’examen de la genèse du texte, confirmant ainsi la parfaite validité formelle de la réforme entreprise. Cette rigueur procédurale constitue un préalable indispensable à l’insertion de nouvelles normes statutaires dans l’ordonnance historique du 22 décembre 1958 relative aux magistrats.

B. Une validation exempte de réserves d’interprétation majeures

La déclaration de conformité totale indique que le dispositif ne porte aucune atteinte aux principes fondamentaux garantis par l’article 64 de la Constitution française. Le juge considère que les mesures d’entrée en vigueur fixées à l’article 3 de la loi sont également « conformes à la Constitution » sans réserve. Cette solution permet une application immédiate des nouvelles règles statutaires, sécurisant ainsi le cadre d’exercice des magistrats nommés au sein de ce parquet spécialisé. La portée de la décision reste toutefois circonscrite à un aménagement technique nécessaire au fonctionnement efficace de la justice pénale contre les réseaux criminels.

📄 Circulaire officielle

Nos données proviennent de la Cour de cassation (Judilibre), du Conseil d'État, de la DILA, de la Cour de justice de l'Union européenne ainsi que de la Cour européenne des droits de l'Homme.
Hassan KOHEN
Avocat Associé

Hassan Kohen

Avocat au Barreau de Paris • Droit Pénal & Droit du Travail

Maître Kohen, avocat à Paris en droit pénal et droit du travail, accompagne ses clients avec rigueur et discrétion dans toutes leurs démarches juridiques, qu'il s'agisse de procédures pénales ou de litiges liés au droit du travail.

En savoir plus sur Kohen Avocats

Abonnez-vous pour poursuivre la lecture et avoir accès à l’ensemble des archives.

Poursuivre la lecture