Cour de justice de l’Union européenne, le 7 avril 2016, n°C-193/15

La Cour de justice de l’Union européenne a rendu, le 21 avril 2016, une décision majeure relative au régime des mesures restrictives contre des dirigeants d’États tiers. Un opérateur économique influent contestait son inclusion sur une liste de sanctions en raison de ses liens supposés avec le pouvoir politique en place. Le requérant avait initialement saisi le tribunal pour obtenir l’annulation de cette décision, mais sa demande fut écartée par un arrêt rendu le 12 février 2015. Devant la juridiction supérieure, la question posée porte sur la validité d’une présomption de soutien au régime fondée sur la seule qualité d’homme d’affaires prééminent. Le juge confirme la légalité de ce critère d’inscription tout en précisant les garanties procédurales offertes aux personnes physiques ou morales faisant l’objet de telles mesures. L’analyse de cette solution nécessite d’étudier la mise en œuvre de la présomption de soutien économique avant d’envisager les modalités du contrôle juridictionnel exercé.

I. La validation d’une présomption de soutien fondée sur la puissance économique

A. Le lien entre l’influence commerciale et l’appui politique

L’autorité a justifié l’inscription du requérant sur la liste des sanctions en s’appuyant sur sa position dominante au sein de l’économie nationale du pays concerné. La Cour valide ce raisonnement en considérant que « le pourvoi est rejeté » car l’importance des activités commerciales permet de déduire un soutien au pouvoir. Cette approche évite à l’institution de devoir prouver chaque transaction financière directe entre l’opérateur économique et les dirigeants politiques visés par les mesures restrictives. Le juge estime que la détention de richesses importantes dans un système autocratique facilite nécessairement le maintien des structures étatiques responsables de la crise politique.

B. Le respect du droit à une défense effective

La présomption retenue par l’organe compétent demeure réfutable afin de ne pas porter une atteinte disproportionnée aux droits fondamentaux de l’intéressé dans la procédure. Le requérant conserve la possibilité de démontrer qu’il n’apporte aucun concours matériel aux autorités de son pays malgré sa réussite dans le domaine des affaires. Cette faculté de preuve contraire garantit l’équilibre entre les nécessités de la sécurité internationale et la protection des intérêts privés des individus injustement ciblés. La décision confirme que le fardeau de la preuve est partagé entre l’administration qui fournit les indices et le particulier qui doit les contester.

II. L’encadrement strict des conséquences juridiques et financières du pourvoi

A. La rigueur de la motivation des actes d’inscription

Le contrôle exercé par la juridiction s’assure que les mesures restrictives reposent sur des éléments factuels suffisamment précis et concordants pour justifier une atteinte aux biens. La décision souligne que l’institution doit motiver clairement les raisons de l’inscription pour permettre au juge de vérifier la réalité des griefs formulés contre l’intéressé. Cette exigence de transparence protège les opérateurs économiques contre le risque d’arbitraire gouvernemental tout en assurant l’efficacité diplomatique des sanctions décidées par l’organisation. La légitimité de l’action publique internationale dépend ainsi de la capacité des institutions à documenter sérieusement la proximité entre le monde des affaires et le pouvoir.

B. L’attribution des charges financières de l’instance

En confirmant que le recours est infondé, la haute juridiction règle également la question des frais exposés par les différentes parties durant la phase de cassation. Il est précisé que le requérant « est condamné à supporter, outre ses propres dépens, ceux exposés par » l’institution adverse ayant défendu la mesure attaquée. Par ailleurs, l’autre organe intervenant dans le litige « supporte ses propres dépens », ce qui reflète une application classique des règles de procédure applicables devant cette cour. La décision met ainsi un terme définitif au litige en validant la stratégie de pression économique utilisée pour favoriser un changement politique dans la région.

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Hassan KOHEN
Avocat Associé

Hassan Kohen

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