Cour de justice de l’Union européenne, le 8 juillet 2025, n°C-594/19

La Cour de justice de l’Union européenne a rendu, le quatorze décembre deux mille vingt-trois, un arrêt relatif au contentieux des aides d’État. Une entreprise de transport aérien contestait la validité de financements publics octroyés par une collectivité territoriale à des entités concurrentes sur un aéroport. Le Tribunal de l’Union européenne ayant rejeté sa demande initiale le douze avril deux mille dix-neuf, la société a formé un pourvoi. Les magistrats devaient décider si la requérante possédait une qualité pour agir suffisante pour critiquer l’absence d’examen approfondi par l’institution européenne. Finalement, la Cour a rejeté l’ensemble des moyens en confirmant que la position de la requérante sur le marché n’était pas substantiellement affectée. Cette décision souligne la pérennité des conditions de recevabilité du recours tout en encadrant strictement le contrôle opéré sur les mesures de soutien financier.

**I. La rigueur maintenue des conditions de recevabilité du recours en annulation**

**A. La confirmation de la preuve d’une affectation individuelle spécifique**

La juridiction souligne que la seule qualité de concurrent ne permet pas de contester le bien-fondé d’une décision relative à une aide d’État. Toutefois, il importe que le demandeur prouve une situation qui le singularise par rapport à tout autre opérateur économique intervenant sur le secteur. L’arrêt énonce que « la seule circonstance qu’un acte soit susceptible d’exercer une influence sur les rapports de concurrence ne saurait suffire » à l’intérêt. Cette solution s’inscrit dans une lignée jurisprudentielle constante visant à limiter les recours formés par des tiers contre les décisions de l’Union.

**B. L’exigence d’une démonstration concrète de l’atteinte à la position concurrentielle**

Le juge exige désormais une analyse précise des effets réels de la mesure litigieuse sur les parts de marché ou sur la rentabilité. La requérante doit apporter des éléments chiffrés et factuels montrant que son activité économique subit un préjudice direct et singulier par rapport aux tiers. Ainsi, la Cour rejette les arguments généraux en estimant que « le requérant doit démontrer que sa position concurrentielle est substantiellement affectée » par l’aide. Cette approche renforce la charge de la preuve pesant sur les entreprises qui souhaitent s’opposer aux interventions financières des États membres en Europe. L’exigence d’une preuve concrète de l’affectation individuelle conduit logiquement à un encadrement rigoureux de l’office du juge dans le cadre du contrôle juridictionnel.

**II. L’encadrement strict du contrôle juridictionnel des mesures de soutien**

**A. La validation de l’appréciation souveraine portée par les premiers juges**

Les juges de cassation confirment le raisonnement du premier degré en refusant de procéder à un nouvel examen des faits de la cause litigieuse. Cependant, le contrôle se limite à vérifier l’absence d’erreur de droit ou de dénaturation manifeste des preuves soumises lors de la phase initiale. La Cour précise que le Tribunal n’a pas méconnu les principes de protection en exigeant un seuil de preuve particulièrement élevé et rigoureux. Cette déférence envers les constatations factuelles antérieures assure une sécurité juridique indispensable pour les bénéficiaires des mesures de soutien financier public.

**B. La portée limitée du droit au déclenchement de la procédure formelle d’examen**

La décision finale confirme que l’absence de doutes sérieux lors de la phase préliminaire prive les concurrents de droits procéduraux plus étendus. Une entreprise ne peut obtenir l’ouverture d’un débat contradictoire sans démontrer préalablement l’existence de difficultés sérieuses lors de l’analyse menée. Partant, « le pourvoi est rejeté » car la requérante n’a pas réussi à remettre valablement en cause la légalité de la procédure simplifiée. Cette jurisprudence stabilise le pouvoir discrétionnaire de l’institution compétente tout en restreignant les possibilités de contestation pour les opérateurs économiques du secteur.

📄 Circulaire officielle

Nos données proviennent de la Cour de cassation (Judilibre), du Conseil d'État, de la DILA, de la Cour de justice de l'Union européenne ainsi que de la Cour européenne des droits de l'Homme.
Hassan KOHEN
Avocat Associé

Hassan Kohen

Avocat au Barreau de Paris • Droit Pénal & Droit du Travail

Maître Kohen, avocat à Paris en droit pénal et droit du travail, accompagne ses clients avec rigueur et discrétion dans toutes leurs démarches juridiques, qu'il s'agisse de procédures pénales ou de litiges liés au droit du travail.

En savoir plus sur Kohen Avocats

Abonnez-vous pour poursuivre la lecture et avoir accès à l’ensemble des archives.

Poursuivre la lecture